jeudi 31 juillet 2014

Henrietta Rose-Innes : "Ninive" (Afrique du sud)

***** Afrique du Sud (Editions ZOE, 320 p.)
Katya et Toby contemplent dans un luxueux jardin de Cape Town un arbre emmailloté dans une couche de bestioles… grouillant de chenilles.

Une intrigue originale autour d’une jeune femme de trente ans que l’on découvre petit à petit cabossée par la vie. Elle s’est donc créé une armure : sa combinaison d’éradiqueuse de bestioles, une combinaison verte je crois (qui m’a fait imaginer Katya cheminant telle le teletubby Dimpsy). Drôle de métier, mais c’est de famille, toutefois Katya en a développé une version écologique et douce puisque sa petite société « Painless Pests Relocation » capture les bestioles (insectes, lézards, pigeons, mangoustes, rats, etc.) pour les relâcher en pleine nature (ou presque).

C’est ainsi qu'à l'occasion de son dernier contrat, nous découvrons « Ninive », un complexe d’habitation luxueux mais encore inhabité car infesté par des colonies d’une bestiole mystérieuse et dangereuse semble-t-il. Katya s’emballe pour cette mission, mettant tout le reste de côté pour traquer ces étranges goggas. Elle a l’art et la manière de retourner un appartement pour découvrir ne serait-ce qu’une puce. Mais elle bute devant ces goggas qui restent invisibles, à tel point qu’elle doute de sa mission. L’insuccès lui pèse, ravive de vieux souvenirs, son enfance, son drôle de père, la disparition de la mère, le comportement surprenant de sa soeur.
Katya décide d’explorer plus à fond l’univers de Ninive pour tenter de débusquer les goggas. C’est alors de belles pages qui s‘ouvrent au lecteur, dans un monde semi-aquatique mystérieux, un entre-deux mondes d’ailleurs. Ce monde aquatique m’a fait penser de façon assez inattendue au si beau roman de Maurice Magre « Le poison de Goa » paru dans les années 20.

Katya tourne finalement et irrémédiablement une grande page dans sa vie. Nous en avons quelques signes avant-coureurs avec sa maison qui se fissure chaque jour davantage, et la fin du roman où elle adopte un way of life tellement surprenant... avec "le" chien et la camionnette ! Détachée du passé et prête pour l'avenir.

Ce roman « Ninive » nous fait aussi découvrir la ville du Cap sous un angle méconnu, les marécages des environs, les taudis adjacents, et le luxe qui sort du désert (ici c’est l’eau) au milieu de tout cela. Une approche très différente du Cap de Deon Meyer (que j'apprécie au demeurant beaucoup).
Un roman insolite et attachant. Merci aux éditions Zoe et à Masse Critique pour cette découverte.

vendredi 11 juillet 2014

Hyménoptère noir jaune : Tenthredinidae, après une longue enquête !


C'est la 2e fois de ma vie que je vois cet insecte à un an d'intervalle et au même endroit exactement !
L'an dernier, je l'ai aperçu début juin 2013 et mis en ligne sa photo le 09/06/2013 aux côtés d'autres insectes que je n'avais pas encore pu identifier (Qui sont ces insectes dans mon jardin ? )
Cet insecte était avant-hier, 20 mai 2014, posé sur le même petit pin en bas des escaliers de la terrasse. J'en déduis que quelque chose de particulier attire au printemps ce genre de spécimens sur ce genre d'arbres.
Tenthredinidae photographié sur le même pin le 05/06/2013 !
Un abord sympathique, n'est-ce pas ! mais l'insecte était plutôt craintif quand je bougeais l'objectif...
La bestiole est de taille assez importante : entre 1 cm et 1,5 cm, et caractérisée par des pattes, des antennes et un abdomen vraiment jaune vif.
L'abdomen est de fait moitié noir et moitié jaune, et la tête est noire/jaune.
Le thorax est plus noir aux extrémités vers la tête et le postpronotum, et orange foncé sur le reste.

Il pourrait s'agir de :

- Tenthredinidae sp (de l'ordre des hymenoptères)
- Tenthredinidae Athalia sp
- arge cyanocrocea (Bramble sawfly / mouche à scie) mais le mien a les antennes jaunes et non noires...
Pamphilius spec.  (peut-être inanitus) Famile Pamphiliidae

Sur ce même petit conifère, ce n'est certainement pas un hasard que depuis deux ans j'observe des colonies de larves de fausses chenilles que j'avais identifiées comme étant des larves du tenthrède du rosier : elles se recroquevillent en forme de "S" selon une chorégraphie assez sidérante (voir ma vidéo), et dévorent les aiguilles du conifère.
Après des recherches plus fouillées, je pense que ces larves sont plutôt des larves de neodiprion sertifer (appelé aussi Diprion du pin sylvestre, ou tenthrède bilignée, ou tenthrède européenne du pin ou Lophyre roux), qui est une espèce d'insectes de l'ordre des hyménoptères et du sous-ordre des symphytes.
Je poursuis mon enquête pour livrer un diagnostic plus élaboré.

Voir :
- Fausse alerte rouge - Invasion de "fausses chenilles" dans le pin : des tenthrèdes (28/05/2012)
- Le retour des abominables larves de tenthrède (14/06/2013)
- La tenthrède du rosier commune / Arge pagana (15/06/2013)

samedi 5 juillet 2014

Solidays : FFF, Metronomy, Christine & the Queens


Partis sous des trombes d'eau, nous sommes arrivés à l'hippodrome de Longchamp à temps pour FFF, en pleine éclaircie, puis repluie et gadoue boue à volonté !

Pas encore eu le courage de nettoyer les chaussures, tellement elles font peur !
La prochaine fois, on fait comme Kate Moss (à Glastonbury), on met nos belles bottes en caoutchouc. Floc Floc.


Bon, première fois aux Solidays ! Il était temps... Quel beau festival, belle ambiance, et message toujours aussi important . D'ailleurs, un tout mignon petit clip animé entre deux prestations, sur un zizi qui se fait refouler car il n'est pas protégé.
Nous étions venus avec un programme d'une ambition démesurée : 17h00 FFF, 19h00 CHRISTINE AND THE QUEENS (ou LA FEMME), 20h00 GIRLS IN HAWAII, 21h00 METRONOMY, 22h00 WOODKID pour finir en beauté avec SKIP THE USE à 23h00.
Bon, ça c'était avant...
FFF en folie à Solidays

... Avant la pluie, la grosse fatigue et l'usure du temps sur nos corps.
Car une fois sur place, parapluie dégainé, pataugeant et crevés, nous avons dû revoir nos objectifs à la sacrée baisse. Crénom !

Alors, quand même, formidable incroyable mémorable concert de FFF (Fédération Française de Fonck pour les retardataires du patrimoine français du rock - voui Rock and Funk and co)

Le concert de FFF était super.
Autour de la cinquantaine et en reformation récente après des années de séparation, les membres du groupe redoublaient d'ardeur, emmenés par Marco le chanteur, survolté et charmeur, bondissant et qui se jette soudain dans le public malgré son... kilt.
[NB : le 1er à avoir lancé le saut dans le public, c'était si je ne m'abuse Iggy Pop, qui y a renoncé car ses vieux os ne lui permettent plus autant de fantaisie].
AC2N, Barbès, Act Up...
Le public répondait.
Y compris quand Marco a demandé à chacun de faire sortir le négro qui était en lui et de sauter. Puis discours plus politique faisant écho aux résultats électoraux, dans AC2N. Marco a demandé au public enthousiaste de lever un certain doigt en l'air.
Christine and the Queens - Soldidays

Ensuite petite pause bibine, sandwich, banane, pompote...
Avant de se diriger vers CHRISTINE AND THE QUEENS.
Alors là : terrible scène... on ne voyait rien, pas d'écrans pour les festivaliers éloignés de la scène, pas de podium en hauteur. Christine avait pourtant un sacré sens de la scène, et une voix intéressante. Mais F. n'aimait pas trop, alors nous avons préféré assurer notre progression vers la scène de GIRLS IN HAWAII, notre découverte (belge) 2014.

Bon GIRLS IN HAWAII tellement génial que je leur dédierai un petit billet particulier... ici : les Girls in Hawaii !!!

Après cela : 21h00 et des poussières ... METRONOMY
Metronomy à Solidays 2014
Bien aimé le clip de "Love Letters", donc on avait inscrit METRONOMY à notre programme. Le temps de piquer un sprint de la scène "Dôme" (après GIRLS IN HAWAII) à la scène "Paris", le concert avait commencé, et on arrive en plein Love Letters. Noir de monde.
Commence une nouvelle chanson, très basique, on n'a pas aimé, on a abandonné...

Et grosse fatigue plus perspective de remarcher jusqu'au tramway, puis tram puis parking puis voiture etc. On s'est sentis un peu flappy / papis et on a renoncé à la suite.
--> chronique "Ziquemu" et page "concerts"

mardi 1 juillet 2014

Marie Laurencin vue par Fernande Olivier

Marie Laurencin, Apollinaire, Fernande Olivier
(BD "Pablo")
Un clin d’œil par rapport à Marie Laurencin, suite à mon billet récent

Voici, extrait de la formidable BD « Pablo » de Julie Birmant et Clément Oubrerie, comment Fernande Olivier, alors muse de Picasso, décrivit Marie Laurencin la première fois qu’elle rencontra celle que Guillaume Apollinaire dépeignait à ses amis comme son grand amour :

"Mais, elle est affreuse ! Une mâchoire de cheval, maigre, méprisante…."

Marie Laurencin rencontra Guillaume Apollinaire en 1907. Leur liaison dura jusqu’en 1912. 
L’ouvrage de José Pierre consacré à Marie Laurencin met en avant les réticences de la mère de Marie Laurencin à l’idée d’un mariage entre sa fille et Apollinaire. 

La préface de cet ouvrage précise que la rencontre entre Marie Laurencin et Guillaume Apollinaire en 1907 bouleverse la vie et la peinture de la jeune peintre. "Égérie et maîtresse du poète, elle est sa " Tristouse Ballerinette", la Muse aux giroflées ou aux œillets du douanier Rousseau. "

Il y eut plusieurs tentatives de réconciliation. Apollinaire fait de nombreuses références à Marie dans son recueil "Alcools" publié en 1914. Cette même-année, Marie Laurencin rencontre et épouse un baron allemand, et, ensemble, dès la déclaration de guerre, ils se réfugient en Espagne.
Le poète s’engage lui dès l’annonce de la guerre. Il est grièvement blessé en 1916, année où il écrit "Le poète assassiné", qui fait aussi référence à sa muse Marie.

Apollinaire (« La grâce exilée » / Calligrammes, 1918) :
"Va-t’en va-t’en mon arc-en-ciel
Allez-vous en couleurs charmantes
Cet exil t’est essentiel
Infante aux écharpes changeantes"
Le 9 novembre 1918, Apollinaire décède de la grippe espagnole, deux jours avant la signature de l’armistice.

José Pierre précise dans son ouvrage que Marie Laurencin, "confrontée aux recherches formelles du groupe du bateau-lavoir, côtoie Picasso, Braque, Max Jacob, André Salmon [la description de la vie au bateau-lavoir est un régal dans la BD « Pablo »…]. Ses réponses au cubisme seront les deux célèbres versions d’Apollinaire et ses amis en 1908 et 1909, puis ces nombreuses figures féminines, d’une géométrie élégante et d’un chromatisme léger en camaïeux bruns ou bleus. Après un second intermède hispano-germanique, Marie Laurencin occupe bientôt dans les années 20 une place essentielle au cœur de ce Paris mondain, littéraire et artistique, par ses portraits de Nicole Groult ou de Coco Chanel, par sa contribution aux Ballets russes de Diaghilev avec Les biches."
(José Pierre : "Marie Laurencin", Editions Somogy, 1988)

--> Chronique "peinture" et "BD" !

John Fante : "The Big Hunger" - "The First Time I Saw Paris"

Ce sont deux short stories que l'écrivain américain d'origine italienne John Fante écrivit entre 1932 et 1959.

- La première, "The Big Hunger" est inspirée de l'enfance de John Fante, et se déroule autour du fil conducteur de la nourriture et des comics
Dan Crane, 7 ans, n'a jamais faim. Et pour cause, il ne mange que ce qu'il a envie et dans le dos de sa mère, en dévalisant le frigo la nuit. 

"Danny ! Lunch is ready. (...)"
"It was probably cream of tomato soup, a sandwich and a glass of milk. There was no way out, except plain revolt. He was in an ugly mood, a heaviness at his stomach. With a hard face he walked into the kitchen. Tomato soup it was, and milk, and a sandwich." (p.34)

Tout au long du récit, nous découvrons le quotidien de ce gamin qui ne supporte pas les contraintes imposées par sa mère : se laver les mains et les ongles, bien se tenir, changer de vêtements, manger du porridge (alors qu'il rêve de corn flakes !) etc. et qui trouve le moyen de fuir ces contraintes en se transformant en héros de comics comme Billy The Kid et en idéalisant ainsi son quotidien.
Un récit assez drôle. Mais tellement second  degré parfois que j'étais piégée entre imaginaire et réalité et j'ai même dû relire certains passages pour être sûre que Dan / alias le héros d'un comic, n'avait pas vraiment tué son frère ou son père ni cherché noise à sa petite soeur !

- La deuxième nouvelle, "The First Time I Saw Paris", a été écrite lors du 1er séjour de John Fante en France, où descendu, dans un grand hôtel (où il croise Elvis et autres célébrités), il déambule près de Notre-Dame de Paris et aperçoit une "pauvresse" en pleurs. 
C'est un choc pour lui, elle ressemble à une des gargouilles, c'est peut-être une Sainte ? L'ignorant au début, il revient sur ses pas pour tenter de lui venir en aide. Et découvre finalement que la pauvre femme ne souhaite qu'une chose : rester seule avec sa peine. "(...) I choked up at the dignity of man. And suddenly Paris was a great town."
(Editions Pocket/version multilingue)

--> Voir "Mon chien stupide (West of Rome)" sur ce blog
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