dimanche 31 mars 2013

Atiq Rahimi : "Syngué sabour", pierre de patience (Afghanistan)

***** Réf pays : Afghanistan / France - Genre : Complainte d'une épouse au chevet de son mari inconscient
Un livre que je me devais de lire : court (140 p), parlant de l'Afghanistan, Prix Goncourt 2008, et une adaptation ciné récente aux critiques emballées...
Donc je m'y suis collée... Lecture laborieuse, un peu ennuyeuse, qui ne m'a jamais touchée, encore moins "emballée". Le livre a traîné plus de 15 jours dans mon sac, pendant que j'entamais en parallèle et finissais trois autres romans : c'est tout dire de cette "pierre de patience".
Le style est dépouillé, sans âme, avec ça et là des expressions crues qui m'ont plutôt gênée. L'histoire est pourtant intéressante, qui apporte des éclairages sur la condition de la femme en Afghanistan, les mariages forcés, l'isolement de la jeune épouse dans sa belle-famille, les traditions, la guerre et ses ravages en toile de fond. La fin m'a confortée dans mon inconfort de lecture.
Peut-être que le film tiré de Syngué sabour me réconciliera avec le roman...

En anecdote (ou non), j'ai suivi avec intérêt les développements consacrés à l'araignée qui vit dans la pièce où git le mari dans le coma.
"Dans cette inertie poussiéreuse, au pied du mur qui sépare les deux fenêtres, une araignée vient rôder près du cadavre de la mouche délaissée par les fourmis. Elle l'examine. Elle aussi, l'abandonne, fait le tour de la pièce, puis revient vers la fenêtre, s'accroche au rideau et flâne sur les oiseaux migrateurs figés dans le ciel jaune et bleu. Elle quitte le ciel et grimpe au plafond pour disparaître le long des poutres pourrissantes afin d'y tisser sa toile, sans doute. (...)
Au plafond, l'araignée réapparaît. Elle se suspend au bout de son fil de soie, descend lentement. Elle atterrit sur la poitrine de l'homme. Après quelques  instants d'hésitation, elle suit les lignes sinueuses du drap qui la guident vers la barbe. Méfiante, elle s'en détourne et se glisse dans les plis de l'étoffe." (pp.46/47)
"Même une guêpe, avec ses bourdonnements menaçants, n'arrive pas à perturber l'état torpide de la chambre. (...) Son rêve de nid s'achève dans le piège de la toile d'araignée. Elle gigote. Et plus rien. (p.57)
 


Résumé éditeur (Folio) : "Cette pierre que tu poses devant toi... devant laquelle tu te lamentes sur tous tes malheurs, toutes tes misères... à qui tu confies tout ce que tu as sur le coeur et que tu n'oses pas révéler aux autres... Tu lui parles, tu lui parles. Et la pierre t'écoute, éponge tous tes mots, tes secrets, jusqu'à ce qu'un beau jour elle éclate. Elle tombe en miettes. Et ce jour-là, tu es délivré de toutes tes souffrances, de toutes tes peines... Comment appelle-t-on cette pierre ? " En Afghanistan peut-être ou ailleurs, une femme veille son mari blessé. Au fond, ils ne se connaissent pas. Les heures et les jours passent tandis que la guerre approche. Et la langue de la femme se délie, tisse le récit d'une vie d'humiliations, dans l'espoir d'une possible rédemption. »

Un autre roman afghan m'avait tellement plus marquée : La vaine attente, par l'écrivain britannique d'origine pakistanaise Nadeem Aslam : une merveille, un de mes livres préférés...
 
--> Quelques autres lectures sur l'Asie centrale : Lectures d'Asie centrale et la page "Lectures d'Asie"

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...