mardi 2 octobre 2012

Gregorio Leon : "L'ultime secret de Frida" (Kahlo)

***** (Espagne / Mexique)
(Edition Les escales, 319 p)

Ce roman m’a attirée parce qu’il traite de Frida Kahlo (1907/1954).

A titre liminaire, une parenthèse Frida Kahlo/Patti Smith...
(Parenthèse métaphysique - amis pressés, passez au paragraphe suivant ! : Justement, depuis que j'ai créé mon blog, je me rends compte que "tout" est lié... sans vouloir reprendre les textes de philosophie, simplement par constat (et parce que je prends le temps à présent de "constater" et de remarquer mes rapprochements d'idées!), j'ai l'impression que la vie m'offre une continuité d'actions et pensées sans que j'aie besoin vraiment de forcer les choses... tout vient à moi dans un ordre naturel).
Exemple : Jamais entendu parler de la peintre Eva Gonzales..., one day je visite l'expo sur Berthe Morisot parce qu'on en parle, parce qu'une amie est là etc. (jamais entendu parler avant non plus de Mme Morisot - mille pardons à présent)... Superbe expo, je suis conquise.  Je lis, dans la biographie que lui a consacrée Dominique Bona, que Berthe Morisot et Eva Gonzales étaient rivales (toutes deux muses d'Edouard Manet...). Puis  je tombe soudain nez-à-nez avec "le Fifre" d'Eduardo Manet à la bibli (Eduardo M. étant le petit-fil d'Eva Gonzales et Edouard Manet...). De fil en aiguille, je découvre le Journal de Julie Manet (fille de Bethe Morisot)... Voilà, j'ai ainsi passé plusieurs mois auprès des Manet/Gonzales/Morisot ! A mon plus grand plaisir.

Je reviens à mes moutons et Frida Kahlo : au moment où le roman de G. Leon me tendait les bras à la bibli, j'étais en plein trip Patti Smith, que je m'apprêtais à aller voir en concert. Lisant son roman Just Kids, je note que Patti adore Frida Kahlo et est allée chanter "Wings for Frida" à la casa Azul de Coyoacan ! Je crois même me rappeler que Frida lors d'un séjour à NY, résida à l'hôtel Chelsea là où Patti et Robert Mapplethorpe séjournèrent un bon bout de temps. Ceci m'amène donc à cela... la boucle est bouclée !. Fin de la parenthèse !)
Frida Kahlo accueillant Leon Trotski et sa femme à leur arrivée au Mexique

L'ultime secret de Frida K. est un petit roman policier facile à lire et sans grande prétention littéraire, mais il a le mérite de mettre l’accent sur la relation amoureuse qui s’est nouée entre la peintre impétueuse de 30 ans et le révolutionnaire en exil Leon Trotski (1879/1940) alors âgé de 58 ans.

Le roman :
Un autoportrait de Frida Kahlo a été volé à Mexico. Daniela, une jeune et belle détective privée madrilène, est chargée de le retrouver. Elle découvre que la toile aurait été peinte pour Trotski, le révolutionnaire en exil… devenu l’amant de Frida, avant d’être assassiné. La route de Daniela croise celle de l’inspecteur Machuca, un flic désabusé qui ne se remet pas du suicide de sa fille. Au même moment, des cadavres de strip-teaseuses sont retrouvés mutilés, l’image de la Santa Muerte tatouée sur le sein gauche. Daniela se retrouve plongée dans une enquête mêlant narcotrafiquants et dévots de la Santa Muerte en froid avec le Vatican, évêques officieux et curés aux visages d’ange, un tueur à gages fan du Real et une procureur érotomane obsédée par la chirurgie esthétique. "Un polar hispanique explosif qui mêle pulp fiction mexicaine et enquête historique".

Le roman oscille  donc entre époque contemporaine pour l’enquête de Daniela et de Machuca et fin des années 30 pour l’histoire d’amour entre Frida et Trostski. Pour qui ne connaît pas bien la vie de Frida Kahlo, le livre apporte un minimum d’informations.
On y découvre que Frida fut très choquée par la tromperie de son mari Diego lorsqu'il eut une affaire avec sa sœur Cristina.
Cela pourrait avoir précipité Frida dans les bras de Trotski qu’elle ne manquait pourtant pas d’appeler El viejo. On découvre que Trotski avait une passion pour les lapins et les cactus… ce qui permit de justifier quelques sorties coquines sous couvert d’aller chercher des cactus.
Les rapports de Diego Rivera avec le révolutionnaire russe (qu’il a aidé à obtenir l’asile politique au Mexique, et que Frida et lui hébergent dans leur maison bleue de Coyoacán) se dégradent, Diego reprochant amèrement à Trotski de ne pas l’avoir soutenu pour être nommé secrétaire de la Ligue mexicaine.
C’est Frida qui décida de mettre fin à la relation avec Trotski en juillet 1937. Celui-ci aurait alors été chamboulé tel un jeune adolescent par cette rupture et aurait écrit une lettre de 9 pages à Frida "lui disant qu’il était fou amoureux d’elle, qu’elle avait été sa seule et authentique Révolution avec un R majuscule." (p184)
Frida choisit quand même d’offrir à son ancien amant un autoportrait, où elle apparaît absolument magnifique, confiante, séductrice...

J'ai lu aussi une partie de la correspondance de Frida Kahlo, et remarqué aucune lettre ou mention de sa liaison avec Trostski, hormis la copie du texte figurant sur l'autoportrait... Les pièces ont-elles disparu ou bien Frida aurait-elle donc accordé si peu d'importance à cette relation ?
A noter que le roman précise que Frida a fini en dévote stalinienne (l’ennemi juré de Trostki), et qu’elle avait même peint un portrait de Staline sur l’un de ses corsets en plâtre (p131).
 
L’autoportrait dédié à Leon Trotski
... a été peint en 1937.
Le tableau a pour titre Entre las cortinas ("Derrière les rideaux").
Frida s’y est représentée portant une jupe longue, "en costume d'aristocrate de l'époque coloniale" (G. de Cortanze). Elle revêt un corsage rouge, une jupe d'un beau ton saumon (j'aime bcp !),  un châle à franges couleur marron doré, et de délicats bijoux en or. Sa chevelure foncée magnifique, coiffée à son habitude en torsade relevée en chignon, est rehaussée de fleurs rouges (oeillets ?). Frida s'est mis du rouge à lèvres et s'est aussi poudré les joues de fard rouge. Elle est sublime...
Elle tient dans une main un bouquet, et dans l’autre une lettre sur laquelle est écrit : « Pour Leon Trotski, avec toute mon affection, je dédie cette peinture le 07 novembre 1937 ; Frida Kahlo à San Angel, Mexico ».
Le tableau est peint avec des tonalités chaudes et douces, le fond entre vert olive et anis, les rideaux blanc cassé, le parquet de bois rouge. Trotski l'avait accroché dans son bureau de la Maison bleue, mais il ne l'avait pas emporté quand sa femme et lui sont partis s'installer dans une autre maison.
Ce tableau a été exposé lors de la 1ere exposition individuelle de Frida Kahlo à New York en novembre 1938, dans la galerie Julien Levy.
Il a été acheté en 1940 par une amie de Frida, Clare Booth Luce, qui en fit don au National Museum of Women in the Arts de Washington DC en 1988, où il est toujours conservé.

Ce tableau est magnifique et tellement chargé d'histoire...
Frida Kahlo : Autoportrait "Entre las cortinas" dédié à Leon Trotski - 1937
Partie sur ma lancée, je viens de terminer Frida Kahlo, la beauté terrible par Gérard de Cortanze, et Frida Kahlo, une peinture de combat par Magdalena Holzhey. Et j'ai commencé Frida Kahlo par Frida Kahlo (recueil de ses lettres aux éditions C. Bourgois). Et j'ai revu avec toujours autant de plaisir le film Frida K. si magistralement interprété par Salma Hayek.
M'attend ensuite le Diego et Frida de JM-G Le Clezio !
Après quoi, je compléterai comme il se doit cet article fort sommaire sur une artiste au-delà du commun et tellement courageuse...

Au fait, à propos du roman de Leon Gregorio : bien entendu, je conseille sa lecture à tout passionné de Frida Kahlo. Les autres se laisseront peut-être un peu moins prendre au jeu de l'intrigue.

--> Voir la rubrique "peinture" de ce blog...

1 commentaire:

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...