mardi 31 juillet 2012

Au sujet de l'art

Cette année, je crois que j'ai découvert l'art, je dis cela très humblement.
Et ce fut tout simple, en lisant le journal gratuit du métro et ses combines sur les expos intéressantes, en feuilletant la revue de la RATP "A nous Paris" et ses infos sur les sites les plus insolites, et en me réabonnant à Télérama, mon journal phare. Avec cela, un peu plus de disponibilité intellectuelle et d'ouverture sur la nature, les paysages alentour, la ville, la publicité, les vitrines...
Pas un trajet de RER ou de métro sans m'intéresser aux choses et aux gens, et voir "du beau" même dans la grisaille des transports.
C'est la première année de ma vie (déjà bien entamée) où j'ai tant de plaisir à visiter musées et expositions, qui me comblent, qui me bousculent, qui élargissent mon champ de vision, qui me convertissent à l'art... Ah oui, qu'est-ce que l'art, justement ? (je ne parle pas de la musique, ou des livres, mais du visuel).
A mes yeux, auparavant, l'art c'était les tableaux de Klimt, les objets "Art nouveau". Un peu de Rodin, un peu d'impressionnistes. Un peu de moderne avec Hundertwasser. Voilà, j'avais un horizon artistique plutôt étriqué.

Aujourd'hui, grâce à ces expositions et musées, découverts ou redécouverts en famille ou avec des amies (merci Maxine, merci Isabelle !), j'ai reçu une décharge de sensibilisation à l'art, une piqûre de désinhibition, qui me permettent de voir que l'art est partout. Et je ressens une telle plénitude à admirer les oeuvres d'artistes les plus éclectiques, ou à simplement découvrir ce que la nature recèle de si beau.
Sculpture d'un buffle prêt à charger
Pour illustrer mon propos, je mentionnerai quatre expositions qui m'ont "ouvert les yeux" :  La Triennale - Intense proximité au Palais de Tokyo, Au fil de l'araignée au Muséum d'Histoire Naturelle, Ahae au Jardin des Tuileries et Les maîtres du désordre au Musée Branly.
La photo ci-dessus d'un buffle sur le point de charger est un petit clin d'oeil à ces quatre expositions. Une sculpture en céréales "miel pops" me direz-vous... (c'est ce que je vois en regardant la photo).

Mais en regardant avec attention, vous constaterez que de buffle il n'y a point, de sculpture non plus... C'est une photo de la gouttière de mon jardin sur laquelle s'était installé un nid de bébés araignées !
"Just a little imagination..."
Il serait même possible de recréer ce buffle avec de vraies "miel pops"... Avis aux parents de mangeurs de céréales petit déj !


-> Voir aussi : rubriques "Art" et "Art suite" et la petite nouvelle : "Street Art" !

lundi 30 juillet 2012

Avis aux insectes : Qu'il est bon de se poser sur mes achillées jaunes

Araignée crabe blanche puis jaune, faucheux
Des parasols jaunes vifs partout dans le jardin ! et de vraies oeuvres d'art !

Viennent s'y poser des petites bestioles, dont foison de mouches (pas mes bestioles favorites, mais j'ai appris à les regarder avec intérêt). En revanche, pas d'abeilles ou de bourdons qui eux se jettent avec frénésie sur le pollen des sedums, centaurées et roses trémières. L'achillée n'est vraiment pas leur tasse de thé.

Apprécient aussi beaucoup la pause parasol : les araignées crabes, qui si elles restent un bon moment posées sur l'achillée, elles en prennent la couleur jaune pour mieux se fondre dans la fleur et guetter les proies naïves.
Ainsi, la première planche de photos montre une seule et même araignée crabe blanche qui avait squatté son achillée et revêtu quelques jours plus tard sa couleur jaune.
Sur la photo du haut, l'araignée crabe a capturé ce qui ressemble à une abeille ou un syrphe. On voit bien ses deux paires de pattes avant placées comme celles des crabes.
Je l'ai prise également lors de sa prière : photos du dessous. (en fait, la position adoptée est une position de défense car l'araignée était mécontente de voir s'approcher mon appareil photo).
Enfin, dernière photo au bas de cette planche : un faucheux qui joue à cache-cache sous le parasol d'achillée.

Les achillées millefeuilles jaunes sont partout dans le jardin, toutes issues d'un même plant acheté il y a quelques années chez Jardiland, qui ne cesse de me donner des semis spontanés, que je repique ici et là. C'est un de mes meilleurs investissements, je dois le reconnaître : cette achillée est une belle plante imposante, très haute et très costaude. Jamais d'arrosages, aucun soin. Pas de prédateurs. Et en hiver, je laisse quelques temps les ombelles fanées, qui se couvrent de givre et animent fièrement le jardin dénudé.
J'ai aussi acheté trois plants d'achillées roses et violettes, les plantes sont moitié moins grandes, mais très florifères. En revanche, elles me semblent plus fragiles que leurs consoeurs jaunes (un pied a bien souffert du froid...)

Insecte avec motif coeur, clytre et larve de coccinelle, sur achillée
La deuxième planche montre un clytre : insecte rouge à points noirs à ne pas confondre avec une coccinelle.
Photo en haut à droite : un insecte inconnu qui est orné d'un motif en forme de coeur.
Photo du bas: sur la fleur d'achillée encore en bouton, une larve de coccinelle asiatique.

Pourquoi ce nom d'achillée ?
C'est en l'honneur du héros grec Achille qui aurait utilisé ses propriétés médicinales vulnéraires (favorisant la guérison des blessures).
A savoir que cette fleur jaune vif fut aussi utilisée pendant des siècles pour les teintures jaune des laines.
Ballet de mouches et syrphes sur achillées jaunes


Cette 3e planche est colonisée par des diptères : mouches et syrphes.

Un voisin ayant épandu du fumier dans son terrain, la communauté reconnaissante eut droit à des essaims vrombissant de mouches vertes (dites aussi mouches à m...). Le bruit des mouches et l'odeur du fumier : pas question de rester longtemps au jardin, juste le temps de quelques clics qui ont permis de découvrir la beauté de ces mouches vertes ! Superbes créatures, reconnaissons-le, avec leur habit vert mordoré et leurs beaux yeux rouges.

Les syrphes sont ces remarquables gentils insectes qui volent en faisant du surplace, et dont "la robe" imite la guêpe pour éloigner les prédateurs. Mais il ne pique pas, et le jardinier découvre qu'il existe nombre de syrphes : à ceinture, porte-plume... Ce sont de très jolis insectes à regarder, leurs rayures jaune, orangé, marron et leurs grands yeux marron leur donnent un charme fou.

A ma plus grande consternation, j'ai été témoin de nombreuses scènes de captures de ces jolis syrphes par les non moins jolies araignées crabes. C'est la nature. Mais je suis une âme sensible. Pauvre syrphe...


Juvéniles de sauterelle verte et phaneroptera nana,
téléphore et moucheron élégant

Dernière planche : les amours de jeunes sauterelles !

La sauterelle verte (2 photos : en haut et en bas) et la "phaneroptera nana" (milieu droite : plus marron et foncée que sa copine).

J'adore les frimousses de ces sauteurs, quand ils se retournent sur leurs longues pattes prêts à s'enfuir...

Sinon, trois autres photos de ce que je pense être un "téléphore" (mince, qu'est-ce qu'il y a comme bestioles à identifier !).
D'ailleurs , je me demande vraiment si la photo du bas correspond au même insecte (en plus, il faut être perspicace et précis !).

En revanche, photo du haut à droite : il est-t-y pas mimi ce ... moucheron (??? est-ce un moucheron : I don't know : jamais vu un moucheron aussi élégant, avec ses beaux yeux verts et ses ailes décorées !).

Comme quoi : que de découvertes de la nature dans son propre jardin, son propre friche.

Comme je comprends cet artiste AHAE, dont je connais le travail depuis peu, passionné par son observation de la nature au bout de la lorgnette. Comme j'aimerais conduire un projet similaire ! Et bon prétexte pour avoir un nouvel appareil photo... (Ahae en a plus de 40 à portée de main).

Avis à tous les jardiniers ou possesseurs d'un coin d'herbe : j'ai créé une page sur les bestioles observées dans mon petit jardin de banlieue parisienne. Je pensais n'avoir que quelques observations et clichés à consigner, et me voici ensevelie sous les observations d'insectes que je ne parviens pas à identifier !
Même avec le guide des insectes, le web etc. Pas facile quand on n'est absolument pas expert... Mais qui sont tous ces aliens qui peuplent mon jardin ?? Si vous avez une idée : aidez-moi (page "Les habitants de mon jardin" - rubrique "commentaires") !!!
Et mon conseil à vous tous amis jardiniers en herbe : observez de près toutes les bestioles qui fréquentent votre jardin : vous constaterez une diversité incroyable, et un intérêt nouveau, de les recenser, de les connaître et les comprendre, se fera jour... Et quel petit instant de bonheur lorsqu'on identifie enfin un visiteur inconnu du jardin.

dimanche 29 juillet 2012

Vitrines de corail et coquillages

Dans Paris, en banlieue, quelques dernières vitrines déploient des trésors de coquillages et d'ambiance mer et plage.

Ainsi: glanés ici et là, des instantanés des vitrines magnifiques de la boutique Fragonard à Paris dans le Marais, de la boutique de la Pinacothèque près de la Madeleine, et de parfumeries en mode plage.
Les colliers inspirés de branches de corail sont à l'honneur.

Coquillages exotiques, nautiles, étoiles de mer, vraies ou en savon... Foulard, sac, coussins, mobiles, lampe "oursin"... Le voyage dans les mers du Sud est à portée de regard et de rêve.



-> Autres instantanés "coquillages"...

vendredi 27 juillet 2012

AHAE - affiches RER

Affiches expo AHAE, quai RER A à Paris
PRECISION IMPORTANTE :
Article rectifié après l'information sur la véritable personnalité de AHAE, propriétaire du ferry sud-coréen qui a coulé en avril 2014, entraînant la mort de 300 lycéens
Je suis sidérée...
(...)

Les affiches du RER parisien montrent plusieurs vues des arbres (beaucoup d'érables, eh oui, nous découvrons qu'en Corée, il y aussi des érables) aux différentes saisons, toujours prises par Ahae depuis la même fenêtre de son bureau, ouverte nuit et jour quelle que soit la saison.

Et si vous ne pouvez vous rendre à cette expo, ouvrez grands les yeux en prenant le métro ou le RER : les affiches sont superbes. Les saisons défilent : arrêtez-vous quelques secondes, prenez-même une photo avec le portable que vous ne quittez de toutes façons pas... et gardez l'oeil ouvert sur la nature qui vous entoure.
( -> autres articles "Expo"...)

mardi 24 juillet 2012

Mariage harmonieux d'achillées roses, ail ornemental et fenouil

Achillées faisant un câlin à un ail décoratif...
lui-même tendrement adossé à une tige de fenouil
Ces achillées roses ont été plantées l'été dernier. Les bulbes de petits aulx (un ail, des a...) ornementaux ont été enterrés tardivement en début d'hiver car oubliés dans un coin. Cela ne les a pas perturbés.

J'avais aussi repiqué près des achillées roses des semis spontanés de fenouil, car je me suis dit que leurs hautes tiges gracieuses se marieraient bien avec les achillées et donneraient du corps aux aulxs.

Ail décoratif , achillées roses et...
2 invitées : araignée crabe et mouche à damier
J'aime beaucoup le fenouil, j'en ai des verts et des bronzes (un seul pied de chaque à l'origine, et plein de bébés gratuits ensuite à récupérer dans la pelouse (faut mettre ses lunettes pour les distinguer et se baisser pour les ramasser, c'est vraiment le gros inconvénient de cette belle plante, surtout pour les myopes et grandes comme bibi - parfois je me demande ce que les voisins pensent en m'apercevant pliée en deux à scruter le gazon).
La terre est trop basse pour les grands qui sont aussi myopes et pas du tout souples, je le regrette beaucoup dans ma vie de tous les jours, et les choses ne devraient pas aller en s'améliorant !

Ah oui, je parlais du fenouil qui m'enchante :
des tiges légères et des feuilles vaporeuses, et une odeur à vous damner : une odeur merveilleuse qui nous captive les narines à quelque distance de la plante et quand on s'approche, un plaisir olfactif (dur à écrire ce mot) intense. Pure merveille dans le jardin. Aucun soin : jamais jamais je n'arrose les fenouils ! même ceux exposés plein sud. Ma seule tâche consiste à les admirer, et à m'étonner à chaque fois de leur beauté si simple et compliquée (de la dentelle verte...) et de leur résistance aux éléments naturels : vent, soleil, pluie...

Fenouil (semis spontané) et pluie
En fait, tout est beau et gracieux dans cette plante : la haute tige (qui est à niveau avec ma propre grande taille, ça fait plaisir de pas se baisser), le feuillage si vaporeux, et les fleurs : de petites merveilles d'étoiles jaunes elles-mêmes si fines et vaporeuses... que je ne parviens pas à les capturer en photo !
Et pourtant, j'essaie. C'est comme pour les coquelourdes, les heuchères et quelques autres fleurs qui ont jeté un sort à mon appareil photo.

(Mon mari si tu me lis, mes fleurs préférées réclament un nouvel appareil photo pour ta mie...)


Ail ornemental gros calibre et déco bouteille bleue
En parlant d'odeur, je dois aussi mettre en garde les "nez sensibles" : l'ail décoratif (petit calibre) est beau, il pousse sans soucis car les prédateurs s'y intéressent peu. Pourquoi ? parce qu'il sent mauvais  !!! Moi qui suis une jardinière dans l'âme faute d'être une experte, et une jardinière respectueuse de la nature dans sa nature la plus naturelle, parfois en m'approchant des fleurs d'ail pour les admirer, je suis quelque peu rebutée par l'odeur: ça pue vraiment... (Au début, on regarde autour de soi pour se demander d'où vient ce fumet malodorant..., pas de déjections canines à l'horizon, de toutes façons ce n'est pas la même odeur, parole d'experte).
Donc l'ail est beau mais l'admirer de loin est bon pour les naseaux.

En revanche, je m'incline devant l'ail ornemental / bulbe de gros calibre comme sur la dernière photo : lui ne sent pas mauvais ! Mais il illumine le printemps (fin avril et mai) de ses têtes étoilées violettes véritables oeuvres d'art. Toujours sans prédateurs d'ailleurs. Après floraison, j'en ai laissé quelques-une monter en graine puis j'ai "émietté" le tout dans la plate-bande : on verra l'an prochain si cela a a porté quelques fruits !

-> Mes chroniques "jardin"

Gilles Paris : "Au pays des kangourous", un voyage au coeur du blues

***** 2012 - Réf. pays : France (& Australie ?) - Genre : La dépression d'un parent vécue par un enfant

"Ce matin, j'ai trouvé papa dans le lave-vaisselle."
Un livre sincère sur un sujet délicat, abordé depuis le regard d'un enfant de 9 ans. Ce qui permet de dédramatiser (un tant soit peu) le roman tout en illustrant le thème grave de la dépression : l'enfant raconte parfois naïvement et d'autres fois avec tant de lucidité ses impressions et sentiments, faits de surprise et d'incompréhension face à l'état de son père. C'est une maladie ça ?? Ce regard vide et gris ("Sous ses yeux, il a des vilaines poches comme des petits sacs à soucis") ? cette absence ? ce manque d'intérêt ?... Eh oui, comme l'explique sa petite amie Lily, cela s'appelle la dépression, et c'est grave. D'ailleurs, le papa perdra bientôt goût à tout et tentera une "grosse bêtise".

Le roman magnifie la complicité d'un père avec son fils. Le dimanche, ils "font légume" ensemble à regarder des DVD dans le grand lit, avec un plateau à grignoter. Ils écoutent et dansent ensemble sur les Black Eyed Peas. "Faire légume le dimanche" : quelle expression sympa... et juste !
La mère, quant à elle, se distancie des deux pour se donner pleinement à sa carrière de responsable de la zone Australie chez Danone. Oui, la maman, on la voit à Paris quand elle se gave de yaourts D. à la pêche, quand elle papote au téléphone avec ses copines, mais elle n'est jamais proche de son enfant. Et le reste du temps, elle part en déplacements professionnels en Australie. Une maman à distance qui envoie quelques cartes sommaires du Pays des kangourous...

En effet, ce roman aborde aussi l'effritement d'un couple, que la présence d'un enfant ne parvient même plus à souder. L'enfant, Simon, se sent un peu responsable parfois des disputes ou des états d'âme de ses parents. Mais le livre va plus loin et remonte jusqu'aux enfances solitaires du père et de la mère. Il faut attendre la fin du livre pour mieux aimer la mère, dépeinte jusque-là comme une créature distante, papier glacé et carriériste.
La grand-mère Lola est un personnage éminemment sympathique, comme l'a souhaité l'auteur : on adhère d'office à sa personnalité chaleureuse et fantasque à la fois.
Cette grand-mère si pleine de vie et rigolote est cependant confrontée à un nouveau rôle : menteuse ou cachottière en chef, face à son petit fils de neuf ans qu'elle garde pendant que le Papa est en maison de repos et que la maman... est "retenue" au Pays des kangourous.
De gros mensonges, que Simon découvrira bien sûr rapidement. La question est: faut-il tout dire à un enfant, dès le départ ? Ou chercher à le préserver à coups de non-dits ou de mensonges ? Quelle confiance cet enfant peut-il avoir dans les adultes?
L'épilogue est la victoire individuelle de Paul contre la dépression, une victoire collective aussi (l'amour de son fils et de sa mère, le soutien du corps médical, la rencontre de Marianne, les visions d'une petite fille qui cherchait à l'aider).

Un joli roman sur un thème grave, que l'auteur met en mots avec beaucoup de justesse.

Quatrième de couverture :
"Ce matin, j'ai trouvé papa dans le lave-vaisselle. En entrant dans la cuisine, j'ai vu le panier en plastique sur le sol, avec le reste de la vaisselle d'hier soir. J'ai ouvert le lave-vaisselle, papa était dedans. Il m'a regardé comme le chien de la voisine du dessous quand il fait pipi dans les escaliers. Il était tout replié sur lui-même. Et je ne sais pas comment il a pu rentrer dedans : il est grand mon papa."
Simon, neuf ans, vit avec son père Paul et sa mère Carole dans un vaste appartement parisien. En fait, le couple n'en est plus un depuis longtemps, la faute au métier de Carole, qui l'accapare. Paul est écrivain, il écrit pour les autres. Carole est une femme d'affaires, elle passe sa vie en Australie, loin d'un mari qu'elle n'admire plus et d'un enfant qu'elle ne sait pas aimer. Le jour où Paul est interné pour dépression, Simon voit son quotidien bouleversé. L'enfant sans mère est recueilli par Lola, grand-mère fantasque et jamais mariée, adepte des séances de spiritisme avec ses amies " les sorcières ", et prête à tout pour le protéger. Mais il rencontre aussi l'évanescente Lily, enfant autiste aux yeux violets, que les couloirs trop blancs de l'hôpital font paraître irréelle et qui semble pourtant résolue à lui offrir son aide. Porté par l'amour de Lily, perdu dans un univers dont le sens lui résiste, Simon va tâcher, au travers des songes qu'il s'invente en fermant les yeux, de mettre des mots sur la maladie de son père, jusqu'à toucher du doigt une vérité que l'on croyait indicible. (Ed. Don Quichotte/Seuil, 252 p.)

Je vais mettre sur ma PAL les deux autres livres de Gilles Paris : "Papa et maman sont morts" (1991)et "Autobiographie d'une courgette" (2002).

samedi 21 juillet 2012

Jon LORD a aussi rejoint Ronnie James DIO

Pardon, Ronnie.
Quand j'ai évoqué les grands musiciens du rock dont le départ plus ou moins récent nous laisse sans voix, au lendemain de la disparition de Jon LORD, j'ai buggé.
Ca m'a trotté dans la tête pendant deux jours, j'avais pas l'esprit serein... quand soudain c'est venu : j'avais oublié de nommer Dio parmi les Grands récemment partis.
Eh oui, Ronnie James Dio, né le 10/07/1942, est décédé le 16/05/2010, après 6 mois de combat contre un cancer de l'estomac. Quel choc l'annonce de sa disparition.
Don't go to heaven - 'Cause it's really only hell (chanson Don't talk to strangers, album Holy Diver 1983).
(Don't talk to strangers, Concert Londres 22/10/2005 : quelle présence sur scène, quelle bonté dans le regard pour son public, quelle poésie dans son interprétation de la chanson)

Paroles de la chanson CULTE Heaven and Hell (album éponyme 1980) :

Sing me a song, you're a singer
do me a wrong, you're a bringer of evil
The Devil is never a maker
the less that you give, you're a taker
So it's on and on and on, it's Heaven and Hell, oh well
The lover of life's not a sinner
The ending is just a beginner
The closer you get to the meaning
the sooner you'll know that you're dreaming
So it's on and on and on, oh it's on and on and on
It goes on and on and on, Heaven and Hell
I can tell, fool, fool!
Well if it seems to be real, it's illusion
for every moment of truth, there's confusion in life
Love can be seen as the answer, but nobody bleeds for the dancer
and it's on and on, on and on and on....
They say that life's a carousel
Spinning fast, you've got to ride it well
The world is full of Kings and Queens
who blind your eyes and steal your dreams
It's Heaven and Hell, oh well
And they'll tell you black is really white
The moon is just the sun at night
And when you walk in golden halls
you get to keep the gold that falls
It's Heaven and Hell, oh no!
Fool, fool!
You've got to bleed for the dancer!
Fool, fool!
Look for the answer!
Fool, fool, fool!

Discographie raccourcie :

- Love is all : 1974, avec Roger Glover (la grenouille psychédélique, qui a initié notre oreille d'enfant au son d'une bonne musique et d'une voix unique, sur fond de dessin animé sympa)
- Les albums de RAINBOW : Ritchie Blackmore's Rainbow 1975, Rising 1976, On Stage 1977, Long Live Rock'n'Roll 1978
- Les albums avec BLACK SABBATH : Heaven and Hell 1980, Mob Rules 1981, Live Evil 1983, Dehumanizer 1992
- Les albums éponymes "DIO" : Holy Diver 1983, The last in Line 1984, Sacred Heart 1985, Dream Evil 1987, Lock up the Wolves 1990...

Sur YouTube, un fan a posté une vidéo d'un concert à Paris un an avant sa mort : Ronnie a 66 ans, qui le dirait ?

Une pensée aussi pour Brad DELP...
Et puis, Brad Delp, le chanteur de BOSTON (More than a feeling...) qui s'est suicidé en 2007. Et que j'avais omis de mentionner.

Voir aussi : chronique "MUSIQUE" de ce blog

vendredi 20 juillet 2012

Marie N'Diaye et son "Rosie Carpe" : Guadeloupe yesyesyes ! Rosie Carpe nonono !

***** 2001 Prix Femina (what !!!...) - Réf. géographique : Brive-La-Gaillarde (19) /Antony (94) /Guadeloupe - Genre : Odyssée "plate" d'une "louseuse" issue d'une famille de barges
PAS AIME CE LIVRE. Pas du tout.
Glauque, simpliste, déprimant, n'inspirant même pas un semblant de sympathie ou une once de compassion pour cette Rosie Carpe.
Je ne comprends pas l'obtention du prix Fémina alors que le transcendant "Putain" de la québécoise Nelly Arcan était en compétition cette même année.
Certes, Marie N'Diaye possède une belle écriture, précise, réaliste, concise quand il le faut et parfois plus allongée. Mais le sujet est d'un tel glauque... on peut parler de réalisme social décrit dans toute sa noirceur, mais j'ai plutôt ressenti tellement d'exagération dans l'histoire et les caractères des personnages que ce réalisme social m'était difficilement crédible.

L'histoire : Rose-Marie et son frère Lazare grandissent insipidement auprès de leurs parents... insipides et provinciaux "arrivés", à Brive La Gaillarde, dans une maison... jaune insipide, mais dotée d'un beau magnolia dans le jardin.
Rosie et Lazare ensuite montent à Paris pour faire leurs études. Rosie, nulle mais de bonne volonté, échoue -  Lazare, inconsistant, ne suit pas ses études, vagabonde et disparaît. Puis, les parents laissent tout bonnement tomber leurs enfants : exit la progéniture, bonjour la deuxième vie !
Lazare disparaît donc, Rosie travaille comme cuisinière/fourre-tout dans un hôtel de banlieue. Quelle tarte quand elle a un bébé du "sous-gérant". Pourtant, elle est alors crédible, cette Rosie sans famille et sans le sou, dépassée par les pleurs continuels de son bébé, puis anesthésiée par sa déshydratation. Pas capable...
Cinq années passent, Rosie toujours aussi simplette, mais qui semble pourtant sincère dans son rôle de mère... sauf que, la Rosie, devenue soûlarde, se retrouve à nouveau enceinte, et n'a aucune idée de comment. Mince, pauvre fille, elle ne sait même pas ce qui est advenu de son fils Titi pendant ces moments-là...

Je ne vais pas raconter l'histoire.
D'abord, je ne l'ai pas aimée.
Y compris le devenir du gamin Titi, des parents Carpe détestables (la mère régénérée/dégénérée au botox et plus jeune que sa fille!), le frère Lazare iconisé sans raison, un "con" tout court...
Le seul personnage intéressant, je le concède, c'est ce "Noir" guadeloupéen Lagrand, mais je n'ai quand même pas compris son abnégation envers ce moins que rien de Lazare "son chienchien", et la famille Carpe. Une histoire tirée par les oreilles, sans queue ni tête. Ensuite, à vous de voir.

Le portrait résumé de Rosie Carpe par Lagrand (p.206) :
"Mais comme il était parfois presque consternant, presqu'humiliant, de se sentir ébranlé par Rosie Carpe qui avait tout - dénuement, enfants sans père, certaine rougeur de la peau du visage, l'oeil lavé comme déteint - d'une pauvre fille, d'une espèce misérable irrémédiable, fastidieuse, lassante (...)."
En définitive : un roman auquel je n'ai jamais adhéré, ni dans les périodes de banlieue, ni dans les périodes outre-mer.
Une femme, Rosie, au départ sympathique, esseulée, naïve, travailleuse quand même... Mais MERDOUILLE, quelle nigaude, se faire filmer chaque soir dans ses ébats avec son chef (marié),  avoir un enfant de lui, s'embêter à l'élever sans s'y attacher (quelle mère !), retourner au même travail... Se faire lamentablement mener en bateau par son frère et ses parents... Quelle nunuche vraiment.
A la Guadeloupe, de pire en pire : la Rosie débarque enceinte d'elle ne sait qui, délaisse son enfant Titi et le laisse quasi mort de déshydratation : elle veut en fait se débarrasser de ce môme chétif et sans attrait, pour enfin rire et profiter de la vie...(!)

Bon, la suite, je laisse tomber : vraiment une héroïne "bête" et même pas attachante, dotée d'une famille encore plus affligeante. Et un scénario tellement débridé et affligeant aussi. Autant pour les quelques descriptions de paysages de Guadeloupe, mais sinon...
Mais peut-être Marie N'Diaye a-t-elle justement cherché à décrire une famille lambda composée de cas sociaux, la fille et le fils, et de cas extrêmes dans le délire : les parents jadis au cordeau, ensuite débridés et amoraux. Peut-être y-a-t-il une morale dissimulée derrière l'histoire de tous ces atypiques...
Et dire que le frère tellement neuneu, Lazare, après avoir échoué en prison en Guadeloupe, ne rêve plus que de rentrer à Brive-La-Gaillarde.

En résumé : j'ai lu ce roman parce qu'il se déroulait en partie à la Guadeloupe ET parce qu'il avait battu le roman de Nelly Arcan au Prix Femina 2001. Comme je regrette cette lecture, et ce Prix incroyable qu'il a obtenu : comment le jury a-t-il pu couronner une telle histoire débilitante et sans intérêt ? Comme tout lecteur, le jury est sorti ébranlé par la lecture de ce livre, mais ébranlé positivement, alors que j'en restais figée comme deux ronds de flancs.

mardi 17 juillet 2012

Jon Lord : Keyboards are gonna wear Purple - RIP

Jon (Jonathan) Lord était né le 9 juin 1941 à Leicester. Il est mort à Londres hier 16 juillet 2012, à 71 ans, vaincu par un cancer du pancréas qu'il combattait depuis un an.
Pianiste classique et claviériste de génie : génial et ingénieux, il eut l'idée de brancher son Hammond à un ampli Marschall, et obtint une sonorité proche de la guitare électrique.
Je connais mal ses compositions "solos" (album Sarabande par exemple) mais j'adore WHITESNAKE et je vénère DEEP PURPLE.
C'est en 1968 que Jon Lord a fondé avec Ritchie Blackmore le mythique groupe DEEP PURPLE. Puis il collabora quelques années avec WHITESNAKE.
Les chansons de ces deux groupes entre autres (ceux qui me connaissent savent aussi mon penchant pour Led Zep, The Who...) m'ont aidée à grandir, à forger ma culture musicale, à me sublimer dans l'écoute de morceaux hors du temps et aujourd'hui encore, du Whitesnake ou du Deep P me font tellement chaud au coeur.

WHITESNAKE :
En 1978, Jon rejoint WHITESNAKE, le groupe de David Coverdale.
Voici les albums sur lesquels Jon a collaboré (je mentionne les chansons qui m'ont particulièrement "happée": dont les paroles me reviennent dès les premières notes, sans forcément que les keyboards et Jon soient en exergue, car au sein de Whitesnake, les keyboards étaient plutôt bridés au profit de la voix (DC) et des guitares/batterie) :
  • Trouble 1978 (Lie down a modern love song, Take me with you)
  • Lovehunter 1979 (Long way from home, Walking in the shadows of the blues - We wish you well)
  • Ready an' willing 1980 (Fool for your loving - Sweet talker - Blind man - Ready an' willing)
  • Come an' get it 1981 (Don't break my heart again - Till the day I die - Wine, women and song)
  • Saints and sinners 1982 (Here I go again - Crying in the rain, Victim of love)
  • Slide it in 1984 (Guilty of love, Love ain't no stranger) : le batteur Cozy Powell (1947/1998) a rejoint Whitesnake sur cet album.
DEEP PURPLE :
Après cette parenthèse Whitesnake de 1978 à 1984 (que j'ai aussi adorée), cette même année Jon Lord participe à la reformation de DP (album Perfect Strangers, dont j'ai vu la tournée), et reste dans le groupe jusqu'en 2002.
Je ne peux pas me permettre de donner des détails sur MarK II (Blackmore, Lord, Paice, Gillan, Glover), DEEP PURPLE, les chansons indestructibles, cultes qui font partie de moi, de nous. Pour cela, des experts et aficionados doués vous donnent sur le web les informations les plus pertinentes sur les meilleures plages de concerts ou de disques.
Oui, Jon Lord a co-écrit Smoke on the water...
Ce que je peux dire, c'est que mes frères, mon mari et moi (de la même génération), à nous tous, nous possédons les 33 tours de notre génération (jamais vendus ou perdus !) et CDs. Et nous écoutons toujours cette musique intemporelle et essentielle. Si d'aventure à la radio passe un morceau de DP (Whitesnake de nos jours à la radio : jamais entendu...), vite on monte le son à fond et on hurle les paroles à fond, joie de vivre et bonheur musical. Seule fausse note : oui, je chante archi-faux, mais je sais hurler et je hurle DP quand même.

Trois fois, j'ai eu le bonheur de voir DEEP PURPLE en concert. Moments inoubliables.

D'autres moments d'exception avec Jon Lord :
- le piano à la fin de Woman from Tokyo : http://www.youtube.com/watch?v=Rvkvjummb7g
- et l'insolite : saviez-vous que Jon Lord joue aux claviers sur le tube des Kinks You Really Got Me (1964)

--> Le site de Jon Lord
--> Mon 3e concert Deep Purple à Paris 2012, avec Don Airey aux claviers...

Et une pensée pour deux autres musiciens cultes des '70s, dont la disparition m'a marquée comme si c'était hier :
- Rory GALLAGHER (02/03/1948 - 14/06/1995) : mince, 17 ans déjà, je me souviens encore de l'annonce de sa mort
- Gary MOORE (04/04/1952 - 06/02/2011)

... sans parler du traumatisme de l'annonce de la mort de Freddie MERCURY le 24 novembre 1991 (à 45 ans), alors que je me trouvais en déplacement dans un taxi à Francfort, écoutant la radio allemande, et soudain captant sans y croire un truc comme "Freddy Mercury tot". Stupeur totale et émotion partagées avec le chauffeur du taxi, un fan aussi.

Avant cela, tant d'autres, dont Phil LYNOTT, de Thin Lizzy, décédé le 4 janvier 1986, appris sa mort en Ecosse. Il avait collaboré justement au "Run for cover" de Gary Moore en 1985, un an avant sa mort.
RIP RIP RIP - Long live Rock'n'roll -  Rock'n'roll will never die 🎵

lundi 16 juillet 2012

Tatiana de Rosnay : "Elle s'appelait Sarah" - Il y a 70 ans, la rafle du Vél' d'Hiv

***** (2006 / "Sarah's key") Réf. pays : France
J'ai lu ce livre il y a plus d'un an d'une traite sans pouvoir le lâcher, émue aux larmes; hier, j'en ai vu l'adaptation cinématographique avec l'intense Kristin Scott Thomas et tous les autres acteurs aussi émouvants et justes; aujourd'hui, le pays se recueille pour le soixante-dixième anniversaire de la rafle du Vél' d'Hiv.

Les 16 et 17 juillet 1942, 13.152 hommes, femmes et enfants Juifs étaient arrêtés par des policiers français, conduits entassés dans des autobus jusqu'au stade vélodrome du Vél d'Hiv ou jusqu'au camp de Drancy, avant d'être séparés les uns des autres et déportés. Selon un sondage, très nombreux sont encore les Français qui ignorent ce triste événement. 

Le roman de Tatiana de Rosnay permet aussi de se souvenir de cette sombre page de l'histoire.
SARAH :
Quand les policiers débarquent dans l'appartement, la petite Sarah, 10 ans au moment de la rafle du Vél' d'Hiv, pense "sur le coup" sauver son frère Michel en l'enfermant à clé dans le placard secret de leur chambre.
Elle parvient à s'échapper du camp de transit de Beaune- La-Rolande près d'Orléans, et avec l'aide des fermiers qui l'ont recueillie, retourne à Paris pour délivrer son frère. Entre-temps, une nouvelle famille, les Tézac, a emménagé dans l'appartement grâce à la complicité de la concierge.
Sarah ouvre le placard et découvre son petit frère de 4 ans, en décomposition, avec son ours à coté.

JULIA :
60 ans plus tard, Julia, une journaliste américaine résidant en France, et mariée à un architecte français dé-tes-ta-ble, prépare un article sur la rafle du Vél' d'Hiv. Par coïncidence, le couple va emménager dans l'appartement des grands-parents du mari, ce même appartement rue de Saintonge où habitaient Sarah et sa famille.
Julia enquête sur la rafle et, parallèlement, interroge sa belle-famille sur les circonstances de leur acquisition de cet appartement, en août 1942... Terrible secret de famille. Sa découverte contribue à éloigner Julia et son mari l'un de l'autre.

SARAH ET JULIA :
Julia découvre que la petite Sarah avait essayé de changer de vie en partant aux Etats-Unis à 18 ans, où elle s'est mariée, a eu un enfant, William. Mais Sarah n'a jamais pu se séparer de la clef du placard, ni effacer la douleur constante et poignante. Alors à 40 ans, elle a lancé sa voiture contre un arbre.
Julia réussit à retrouver le fils de Sarah, qui ignorait tout du passé de sa mère :  c'est Julia qui lui dévoile la terrible histoire de Sarah. Julia et William sont tous deux récents divorcés. Le lecteur devine qu'un lien spécial va se tisser entre ces deux êtres habités par le souvenir de Sarah.

Affiche Expo Paris 2012
Voici pour ce roman (Ed. Le livre de poche, Trad. Agnès Michaud).
Le film (2010) est très bien adapté et tous les acteurs sont excellents, sans jamais faire excès de pathos.

En commémoration des 70 ans de la rafle, la mairie de Paris organise une exposition "C'étaient des enfants", à l'hôtel de ville jusqu'au 27/10/2012.

Voir aussi :
un magnifique petit film de 3 minutes et 6 lignes de texte " The porcelain Unicorn"

samedi 14 juillet 2012

14 juillet... Feu d'artifice de fleurs et bourdons

14 juillet oblige, il faut des salves colorées.

Voici donc les campanules blanches et violet clair, les roses roses, l'ail ornemental pourpre, les achillées rose foncé, le buddleia violet : beaucoup de tons roses et violets au jardin en ce moment.
Les potentilles sont sur leur fin de première floraison, mais les achillées jaunes éclairent le jardin de tous les recoins.
Bientôt le buddleia blanc sera en fleurs.

Le buddleia est connu comme étant l'arbre à papillons. Mais cette année, j'ai aperçu très peu de papillons, et je me suis aussi fait la remarque que nos amies les coccinelles se faisaient bien rares.
Dans le pin au fond du jardin, j'observe régulièrement quelques larves et nymphes de coccinelles et quelques adultes qui se promènent ça et là. Mais rien comparé à l'an dernier.

En revanche, foison d'abeilles, bourdons, syrphes (et mouches).

Pour revenir au feu d'artifice du 14 juillet, qui fut annulé en raison des intempéries, voici un simili feu d'artifices de bourdons sur roses trémières

(cf la chronique "bourdons ivres").

vendredi 13 juillet 2012

Expo photo AHAE : "De ma fenêtre", la nature en mouvement et en beauté

Affiches de l'expo Ahae dans Paris
PRECISION IMPORTANTE :
Cet article hélas élogieux a été rédigé en été 2012, alors que l'on savait peu de choses sur la personne du coréen AHAE, présenté comme un artiste photographe humaniste et exceptionnel...

Aujourd'hui, deux ans après, le monde a appris que derrière ce surnom AHAE, se cache un millionnaire, dirigeant d'une secte, et propriétaire du ferry sud-coréen qui a coulé en avril 2014, entraînant la mort de 300 lycéens dans des circonstances affreuses. AHAE dépensait son argent pour se permettre d'exposer ses clichés et de nourrir son ego, au lieu de financer le minimum de maintenance de sa flotte d'épaves ambulantes, de la formation de ses équipages sous-payés et incompétents. Il est recherché par la police.
Je m'excuse des commentaires qui suivent écrits il y a deux ans. Au XXIe siècle, à l'heure d'Internet et de la circulation de l'info urbi et orbi, comment cet homme a-t-il pu berner son monde aussi facilement ? Cela fait peur.


Belle sortie en famille au Jardin des Tuileries sous un ciel bien gris, à la découverte d'un artiste merveilleux et humaniste : Ahae...

Qui est AHAE ?
Un Monsieur de 69 ans, sud-coréen, né en 1941 à Kyoto au Japon, un inventeur ayant déposé un millier de brevets, un expert en arts martiaux (ceinture noire 7e dan en taekwondo), un cultivateur de thé bio, un artiste poète et dessinateur, un homme amoureux et respectueux de la nature, qui se découvre un projet philanthropique et écologique ou naturaliste :

AHAE va garder la fenêtre de son bureau (situé à la campagne au sud de Séoul) ouverte jour et nuit, en toutes saisons, pendant deux années, et il va veiller, observer, photographier toute la vie extérieure visible depuis cette fenêtre.

2000 à 4000 clichés par jour, 1 million de photos en 2 ans.
40 appareils photos à portée de main, mais pas de trépied : AHAE photographie à main levée, avec une patience et une puissance physique remarquables, et uniques.

Ahae Paris : Détail aigrette et reflet chevreuil + visiteur
Pour ne pas déranger la nature, Ahae n'utilise jamais de climatisation avec air conditionné, et s'expose aux chaleurs torrides de l'été coréen et aux attaques de moustiques.

Ahae n'est pas un artiste photographe - il prend simplement des photos...
Une véritable prouesse photographique puisque l'artiste, attaché aux valeurs d'honnêteté et de simplicité, ne s'autorise aucune lumière artificielle, et ne retouche pas ses photos. Dans la vie, il reste humble, et d'après son fils qui gère les expositions, Ahae "refuse l'appellation d'artiste ou même de photographe. Il dit simplement : je prends des photos."

Kaléidoscope de détails de photos de reflets de l'expo Ahae
(et les cheveux de mon fils qui pose incognito !)
Nous découvrons ainsi les paysages qui changent de couleurs selon les saisons, la faune de passage, et la flore. Ahae joue avec les reflets du soleil et de la lune sur le lac, les vaguelettes : des effets magnifiques, des instants magiques.
De petits animaux se prêtent au jeu : libellules, oiseaux, aigrettes, chevreuils - beaucoup de photos de petits chevreuils. Ahae nous donne une belle leçon de nature : ainsi, ces trois pies qui épouillent un jeune chevreuil.
Sans bouger de sa fenêtre, il est ainsi parvenu à observer 20% des oiseaux qui visitent la péninsule coréenne.


Un poète :
Des poèmes en français et en anglais ponctuent chaque salle. Quelques photographies occupent tout un pan de mur : le promeneur baigne en pleine nature et en pleine poésie...

Quelques poèmes d'Ahae, qui accompagnent les photos de l'exposition :
"La journée déborde d’air givré.
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Ahae Paris : détails soleils, lunes, nuages et reflets des visiteurs
C’est encore l’automne, mais les glaces de l’hiver s’y glissent,
Revêtant une flaque sous ma fenêtre.
Dans l’air immobile, l’humble mare
Va bientôt geler à son tour.
Seules les ombres des arbres
Se mirent avec clarté dans l’eau.
Pas d’ondulations fines pour en hérisser la surface.
De petits oiseaux s’affairent, volettent ça et là,
Sous l’œil perçant d’un faucon planant là-haut.
Seuls les chevreuils des marais, qui paissent éparpillés,
Semblent innocents."

"Duveteuse la neige doucement tombe
Pour revêtir le jour si froid
D’un manteau de poudre laiteuse
Sur les collines, les champs, les arbres,
Et même la mare gelée. 

Ce spectacle devant nos yeux
Semble bien ordonné, détaché de tout.
Si seulement les pensées humaines,
En désordre, si troublées, si confuses,
Pouvaient se poser comme la douce neige
Dans une tranquille sérénité."
"Cédant sa place à l’immensité du ciel
Le globe écarlate du soleil
S’attarde un instant
Dans les branches d’un pin
Puis plonge doucement
Derrière la ligne des sommets, à l’ouest.

Les ombres allongées
Des montagnes, des maisons, des arbres
Se dissipent à leur tour
Avec le soleil, elles disparaissent.
Le ciel est tendu
D’un vide voilé :
Une toile qui s’apprête à révéler
Un jour nouveau."

"Sur le vaste canevas d’un ciel azur,
Le vent peint un tableau en blanc.
Un chef d’œuvre de nuages duveteux, sans cesse changeants,
Couche après couche, sur l’immensité du bleu."

AHAE est aussi un philanthrope qui veut partager sa vision de la nature "naturelle"

Ahae Expo Paris : libellules (détail)
Au travers de ce kakemono géant
on croit entendre le bruissement
des feuillages
Ahae a souhaité partager ses vues et sa vision de la nature avec le maximum de gens. Aussi finance-t-il l'installation de ses expositions, dont la visite est gratuite.
Cette exposition "De ma fenêtre / Through my window", itinérante, a déjà charmé les visiteurs à Venise et Florence, New York, Londres, Moscou, Prague, Séoul.
A Paris, visite gratuite jusqu'au 29/08/2012 dans un pavillon spécialement aménagé au Jardin des Tuileries.

Cette exposition nous incite à porter un regard nouveau sur les petites et grandes choses qui nous entourent et à nous émerveiller de la beauté des choses simples. Pour un amateur de photographie, Ahae ouvre de nouvelles perspectives. Poser son regard sur la nature environnante, en toute simplicité, et en observer sans fin et sans ennui le foisonnement et les changements.

Henning Mankell : "Le secret du feu", sur les enfants blessés par les mines en Afrique

***** Réf pays : Suède / Mozambique (1995) - Genre : Combat d'une fillette courageuse qui a perdu ses jambes après avoir sauté sur une mine antipersonnel

J'ai lu ce livre alors que l'association Handicap International "fête" ses 30 années d'existence, et rappelle à cet égard que "plus de 80 pays sont encore pollués par des mines antipersonnel et 44 par des bombes à sous-munition (les "BASM"). Il y aurait 22 à 132 millions de sous-munitions qui n'auraient pas explosé à l'impact. Un tiers des victimes des mines sont des enfants." (In 20 Minutes, 13/07/2012)

 Un petit roman de littérature jeunesse qui se laisse aussi lire par les adultes.
Le grand écrivain suédois Henning Mankell raconte des fragments de l'histoire déchirée et déchirante d'un pays d'Afrique qu'il connaît bien, le Mozambique. Il y réside une partie de l'année, et dirige bénévolement une troupe de théâtre locale à Maputo.

Dans Le secret du feu, Henning Mankell aborde les traumatismes de la guerre civile au Mozambique, la souffrance des populations pauvres et désemparées devant cette violence, et le sort qui peut s'acharner sur les enfants. C'est aussi une description de la misère des villageois, du travail harassant du matin au soir, des conditions de vie précaires (la paille disjointe des cases, qu'il faudrait rafistoler chaque année, l'eau à aller chercher au puits...). La mort et la vie sont constantes dans le roman, et la maman Lydia, déjà si fatiguée et miséreuse, tombe enceinte d'un vaurien alcoolique.

Sofia a une dizaine d'années quand son village est massacré par les Bandits, son père tué. Lydia, la maman, Sofia et sa soeur Maria, et le petit frère Alfredo, parviennent à s'enfuir. La fuite rime avec la peur au ventre, la faim, le désespoir, la fatigue. Au bout du chemin, un nouveau village accueille la petite famille.
"(...) leur fuite n'aurait pas eu seulement de mauvais côtés, avait pensé Sofia. Il en résulterait quelque chose de bien, malgré tout. Elle avait vu la mer. Elle irait peut-être à l'école." p.37

Sofia et Maria sont deux soeurs inséparables. Elles vont pouvoir aller à l'école quelques heures par jour - le reste du temps, elles aident Lydia aux travaux des champs.
Le maître d'école, le père José Maria, met en garde enfants et parents contre le danger des mines antipersonnel encore dissimulées sous terre : on ne doit marcher que sur les sentiers existants et sans risque. Mais un jour, les gamines en jouant s'éloignent du bord du chemin. Sofia "sauta à cloche-pied sur la jambe gauche. Puis elle posa son pied droit pour revenir sur le sentier. Alors la terre se déchira." (p.64)

Maria perd la vie. Sofia est amputée des deux jambes. Après des mois de douleurs, de chagrin, de remords, Sofia entame une rééducation dans le petit hôpital si dénué de tout et délabré de la grande ville. Le docteur Raul s'occupe particulièrement de cette petite fille qu'il a dû amputer. Sofia a la chance de pouvoir bientôt disposer de deux prothèses jambaires. Ses fausses jambes deviennent ses meilleures amies, mais pas question d'en faire état ou étalage, Sofia dissimule le bas de son corps dans une grande cape, et cache la douleur que lui impose les lanières sur les cuisses.

Le récit nous amène de nouveau au village où la maman Lydia s'est mise en ménage avec un homme buveur, violent et sans travail, qui ne veut pas d'une estropiée dans son entourage.
Sofia va puiser dans sa force physique et morale pour retourner à la ville et se débrouiller. Grâce au Docteur, elle est hébergée contre petits services par une matrone de la ville. Et surtout Sofia réussit à trouver un travail d'apprentie couturière qui correspond à sa vocation.
Par la suite, ses efforts constants sont récompensés : Sofia succède au vieux couturier du village, et retrouve sa mère qui s'est séparée du terrible beau-père.

Ce pourrait être une fin trop heureuse pour y croire... Pourtant dans son introduction, Henning Mankell dédie son livre à la petite Sofia Alface, dont il loue le courage (Sofia est okuvlig : invincible en suédois) devant toutes les épreuves traversées. (Ed Castor Poche, trad. A. Ségol, 192 p)

Voir aussi : Lectures d'Afrique et Livres nordiques et la rubrique "Enfants"

mardi 10 juillet 2012

Henning Mankell :" L'oeil du léopard"

***** 1990 - Réf. pays : Suède, Zambie (Ed. Seuil, Trad.  A. Ségol et M. Ségol-Samoy, 343 p.)
Genre : "Suède sans avenir, espoir en Afrique,  indépendance, fermiers blancs, croyances des ouvriers noirs, racisme, élevage de poules, chiens de sécurité, peur et palu, le salut dans le retour en Suède"...

Que dire ? Un roman du grand Henning Mankell écrit en 1990 et traduit en français seulement en 2012.
Entre-temps, Monsieur Mankell a commis la captivante série policière des Kurt Wallander (**** 💜) ainsi que des romans "sociaux" excellents (Comedia infantil *****💚, Le fils du vent ****, Les chaussures italiennes ***** 💙) ou intéressants (Tea Bag ***, Profondeurs ***)
Et plus récemment des livres que j'ai moins appréciés (Le cerveau de Kennedy *, et le très décevant Le Chinois *). 

Alors ce "nouveau vieux" roman de HM participe de l'engagement politique de l'auteur sur l'Afrique, comme le furent Comedia infantil, Le fils du vent, Le Chinois (et dans un registre différent puisque policier et non social : La lionne blanche *****💛).

Les critiques parlent de roman "crépusculaire" pour ce livre. Oui, Hans n'a pas trouvé de solution, il retourne à la case départ, et rentre en Suède où pourtant rien ni personne ne l'attend plus. C'est un roman engagé, qui décrit sans détours la relation entre Noirs et Blancs des années '80 et '90 en Zambie (ce pourrait être au Mozambique, au Zimbabwe...).
Toutefois, le personnage de Hans n'inspire pas d'empathie ou de sympathie : on lit le roman sans s'identifier à cet homme désespérément seul, sans pouvoir ressentir ses émotions. Aussi, parfois, la lecture en devient pesante et l'intérêt pour la suite de l'histoire et le sort de Hans quelque peu vacillant. Reste l'intérêt pour un récit qui aborde la Zambie (le seul livre que j'aie lu concernant ce pays) aux lendemains de l'indépendance.

Le roman : Hans Olofson grandit dans un village de Suède, aux côtés de son père, ancien marin à présent bûcheron dépité et alcoolique, tandis que sa mère a abandonné la famille. La maison est illuminée par un seul mais si important objet : la Celestine, un trois-mâts dans une bouteille rapporté par le papa de Mombasa. Le papa entretient son fils de ses voyages de par le monde, et le petit "percevait l'odeur de suie à Bristol, voyait l'indescriptible saleté de l'Hudson River, sentait la mousson changeante de l'océan Indien, admirait la beauté menaçante des icebergs et entendait le cliquettement des feuilles de palmiers. (p.25)
Enfant, près de la briqueterie, Hans a une révélation : "Il avait compris l'inutilité de se dérober. Il avait une vie devant lui, une seule, et, tout au long de cette vie, il serait lui." (p.19).
Son meilleur ami est un fils de bonne famille, Sture. Ils font des bêtises ensemble, et se moquent de Janine, une jeune femme du village qu'un accident a laissé sans nez. Peu à peu, Janine les amadoue, et devient leur confidente, sa maison leur refuge. Et les jeunes garçons de s'amouracher un peu.
Puis c'est l'accident qui laisse Sture paralysé, la colonne brisée.
Hans poursuit son triste chemin de vie au village entre petits boulots et études, puis les grandes études de droit à la ville, pour "défendre les circonstances atténuantes". Un fugace rapprochement avec Janine, une dispute, le retour à la ville, et Janine décide de se noyer. Hans cherche le sens à sa vie. "Existe-t-il véritablement  des solutions à la vie ? Qui pourrait lui chuchoter le mot de passe ?" (p.163)

Un matin de 1969, Hans s'en va pour l'Afrique, là où Janine rêvait de marcher sur les traces d'un ancien missionnaire suédois.
Il s'associe avec une veuve propriétaire d'une ferme avicole, qui abattue par les crises de palu, lui vend la propriété et rentre au pays. Hans, se réalise dans son travail : il "se rend compte qu'il se réveille souvent le matin débordant de joie. Pour la première fois de sa vie, il est chargé d'une mission, même si celle-ci ne consiste qu'à vérifier le départ de voitures chargées d'oeufs." (p. 165)

Mais parallèlement, Hans découvre le filet de haine qui sépare en Afrique Noirs et Blancs. "Même quand il se réveille en pleine nuit, il sent un petit filet de haine s'infiltrer à travers les mailles de la moustiquaire". (p.143).
Malgré sa bonne volonté et ses tentatives humanistes d'alléger la peine de ses ouvriers, Hans renoncera à ses idéaux et sombrera dans les affres de l'Afrique dévorée par la haine et l'affrontement entre les anciens colons blancs et les nouveaux peuples indépendants noirs. Il est finalement si seul en Zambie, comme il l'était en Suède. Son seul vrai ami était un Noir qui, dans les ténèbres, revêtait la peau de léopard des anciens indépendantistes. Ce faux-ami voulut le massacrer comme il avait massacré des fermiers blancs voisins, et Hans dut le tuer pour se défendre. L'Afrique l'a même trompé dans ses amitiés, et l'Afrique, se rend-il compte aussi, corrompt même des coopérants expatriés qui profitent outrageusement de ses ressources. (La coopération internationale en prend un coup au passage).


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